Une traduction nouvelle de l’Odyssée d’Homère

Encore une nouvelle traduction de l’Odyssée ! direz-vous.

Emmanuel Lascoux, docteur en grec ancien, spécialiste d’Homère et de la diction antique, membre du Centre de Recherche en Littérature Comparée (Paris Sorbonne), veut revenir à l’oralité du texte. Souhaitant faire entendre ce qui vibrait à l’oreille des Grecs et que nous perdons dans l’adaptation à notre langue, nous sommes invités à une approche très originale et qui, parfois, pourrait nous sembler irrévérencieuse tant nous sommes habitués à la langue très classique de nos traductions favorites. Décoiffant !

Voici la présentation de cet ouvrage sur le site des éditions P.O.L. :

Emmanuel Lascoux propose une nouvelle « version » du texte grec d’Homère à partir de son travail original sur le grec ancien qu’il rythme, chante, et crie depuis plusieurs années. Il dit lui-même : « J’ai voulu monter le son ou entendre davantage. » Il revendique de « jouer les langues anciennes » comme l’on joue de la musique. « On fait du grec, soit, mais on ne fait pas le grec. Imagine-t-on faire de la musique sans la faire ? » écrit-il dans l’avant-propos à sa traduction. Mais quels détours imposer au français aujourd’hui, quels mensonges lui permettre, quand la musique du grec s’est tue ? Emmanuel Lascoux propose ainsi cette « version française » très originale des 12109 hexamètres de l’Odyssée. Plutôt qu’imiter le vers grec antique inimitable, ou dévider une prose inchantable, cette Odyssée propose à tous, un texte à dire et à chanter. Renouant finalement avec les pratiques antiques du texte épique et du poème, dans un français très contemporain et d’une oralité retrouvée.

« Crac ! les haubans du mât, tiens, sectionnés d’un coup, par le vent, par la bourrasque,
des deux côtés. Bam ! le mât qui tombe à la renverse, tous les agrès qui dégringolent
dans la cale, ma parole ! Paf ! là, oui, à la proue du bateau,
le pilote se le prend en pleine tête : crric ! ça lui brise d’un seul coup
tous les os du crâne à la fois. On croirait un plongeur, vous savez,
qui se laisse tomber du plat-bord. Fini pour lui : force et vie quittent ses os !
Et Zeus qui n’arrête pas de tonner. Brraoum ! sa foudre touche le bateau… »

L’ Odyssée, Livre 12.